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Cher.e lecteur.ice , chose promise chose dûe, nous revoilà dans l’aventure. Si la dernière fois qu’on vous a laissés, nous étions dans le désert canarien – depuis trop longtemps – nous avons, depuis, radicalement changé d’ambiance et même de continent !

Avant notre départ pour le Cap Vert, d’où nous écrivons aujourd’hui, nous avons fait une très agréable halte sur la belle île de La Gomera ou nous avons loué une voiture pour visiter un peu.

Cette île abrite une forêt primaire, dans laquelle nous avons eu le plaisir de faire une belle ballade (d’aucunes diraient « rando ») de quelques heures à la recherche de ruisseaux (que nous n’avons finalement jamais atteins) au plus profond de la sylve millénaire.

Nous sommes arrivés à temps dans la Vallée Gran Rey pour y admirer les vertigineuses parois tombant à pic dans l’Océan et un magnifique coucher de soleil (connu pour être l’un des plus beaux des canaries).

Dans cette vallée est installée, de longue date, une communauté allemande de « hippies », dont une partie passe des journées à proximité des plages à tenter de vendre divers effets fabriqués localement et manuellement… (nous avons été, par exemple, assez intrigués que les galets de la plage située juste en dessous peints sans vraiment de style soient présentés à 10 euros pièce). On nous a expliqué, on ne sait pas vraiment quel crédit porter à cette histoire, qu’Angela Merkel – HerSelf – y passait une semaine tous les étés. Dans tous les cas, c’est un lieu très prisé des touristes Germanophones. L’ambiance à Valley Gran Rey n’en est pas moins excellente, le peu de constructions sur cette côte limite assez le nombre de touristes qui y résident.

Après cette journée bien remplie de visite, il était temps de larguer les amarres pour le Cap Vert.

Traversée de 6 jours tout pile, et 800 miles nautiques.

C’était pour nous, une 2ème expérience (après la traversée Rabat-Canaries) d’un navigation hauturière en atlantique et la première fois d’une si longue distance.

Que dire de cette traversée ?

On a eu le temps de mettre en place un rythme, des rituels, on a lu, dormi, discuté. On s’est prépraré un repas de réveillon qui en temps normal nous aurait pris 1h de prépration. Cette fois ci, on a commencé à 16h, pour manger à 20h 😉 Mais ça valait le coup! Toasts Saumon Gacamole, tagliatelles à la carbo et…. un délicieux crumble aux pommes en dessert confectionné d’une main de maître par nos 2 équipières!

Le vent a été bon toute la navigation mais nous avons eu pendant 2 jours une mer mal formée, qui a provoqué une houle importante. Bazile a fait un vol plané de l’espace cuisine à la table à carte, sans toucher le sol. Un bon coup dans les côtes et un énorme bleu, mais ça commence à aller mieux….

On doit bien l’admettre, vivre à bord avec cette houle permanente a un peu entamé notre moral à un moment donné… Mais c’est un bon entraînement pour la transat. Ca permet aussi de constater que nos humeurs en traversée peuvent changer du tout au tout selon notre fatigue, nos menus, nos angoisses, et qu’il faut apprendre à apprivoiser tout ça!

Bref, on a pas eu l’occasion de jouer aux cartes ou de regarder des films ce coup-ci, mais peut être que la prochaine fois…?

En attendant quelques photos de la traversée :

Arriver à Mindelo fut un grand plaisir. On change d’ambiance immédiatement, ici c’est l’Afrique (bien que le Cap Vert est l’un des pays avec le plus fort taux de développement d’Afrique). Mindelo est toute colorée et présente vraiment l’architecture des villes coloniales.

Une voisine de bateau Cap Verdienne nous a donné une bonne adresse pour aller profiter d’un concert local, et la soirée fut vraiment super – ambiance Césaria Evora (native de Mindelo) garantie!

On a eu l’occasion de retrouver nos amis de Caracole au mouillage, et Bazile a pu prendre un cours de harpe avec leur nouvelle équipière (oui, elle ne se déplace jamais sans sa harpe!)

Nous avons aussi pris une journée off pour aller nous baigner à la Baia das Gatas, piscine naturelle, lieu de rendez-vous des locaux le dimanche, ambiance plage-barbecue.

La piscine naturelle garantit un espace calme et sans vague et des couleurs dignes d’un lagon.

L’occasion de prendre un Aluguer (taxi collectif local) et de voir un peu l’intérieur de l’île.

Nous avons accueilli 2 nouveaux équipiers (Eric et Romane), Mél et Louise souhaitant profiter plus longtemps du Cap Vert. De notre côté, c’est un peu à contre coeur, mais notre escale Cap Verdienne s’arrête là car nous avons pris la décision de traverser rapidement, et ce pour plusieurs raisons :

D’une part un de nos nouveaux équipiers, Eric, nous a rejoint en avion uniquement pour traverser a des obligations dès début février en France. D’autre part, nous devons récupérer Nina de l’autre côté, qui nous rejoindra en avion en Martinique.

Les conditions météorologiques ne sont pas idyliques (mais le sont-elles souvent ???). En effet cet hiver, les dépressions du Nord de l’Océan Atlantique (rien d’anormal en cette saison) sont plus fréquentes (une par semaine au lieu de 1 à 2 par mois habituellement) et beaucoup plus au Sud que ce qu’on a l’habitude de voir. Elles génèrent donc une belle houle, qui s’étend jusqu’aux latitudes du Cap Vert, et donc sur notre route. On appréhende un peu cette houle de Nord (et parfois de Nord Ouest) qui va venir sur nous par le travers du bateau rendant les conditions de navigation moins confortables que ce que l’on peut espérer pour une transat.

Par contre, et ça c’est une bonne chose, les alizés (les vents constants qui soufflent du NE tout l’hiver) sont (plus ou moins) installés et semblent vouloir souffler tout au long de notre route à venir.

Après toutes ces analyses, « à un moment donné » (à dire avec l’accent du Sud), il faut y aller ! On est un peu rassuré en constatant que l’on quitte Mindelo le même jour que 5 autres voiliers monocoques dont les équipages sont bien expérimentés et avec qui nous avons échangé sur les stratégies de route et de navigation.

La conséquence de ces départs c’est qu’ici sur les pontons, c’est l’effervescence ! Il n’y a pratiquement que des français (c’est fou ça!), tout le monde prépare sa transat, avitaille, s’échange des outils et des conseils, discute météo et routage, « Toi tu pars Mardi? A ouais, moi j’attends la fin de semaine », « Hey, j’ai des nouvelles de ceux qui sont partis il y a 4 jours, la houle n’est pas si mauvaise qu’annoncée », « et toi, tes voiles tu vas les régler comment? »….

On voit les bateaux partir les uns après les autres, avec corne de brume et encouragements de la part de ceux qui restent à quai.

AUjourd’hui, (mardi 7 Janvier), c’est notre tour.

Ce serait vous mentir de dire qu’il n’y a pas d’appréhension, mais on est prêt. On a avitaillé le bateau, constitué un équipage solide et sympathique, tous les éléments de sécurité sont vérifiés, il ne reste plus qu’à larguer les amarres….

Selon nos possibilités de connexion, on essaiera de vous donner des nouvelles pendant la traversée, sinon, on se retrouve de l’autre côté.

A vite.

Les Romanibaz.