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A l’origine, une escadrille est un terme militaire de l’aéronautique qui désigne un groupe d’avions de combat. Mais l’expression s’est maintenant étendue à la plaisance, et naviguer en escadrille veut communément dire, naviguer à plusieurs bateaux d’un point à un autre.

Comme évoqué dans le précédent article, nous avons, depuis Lanzarote et le long des îles Canaries, fait pas mal de rencontres sur les pontons ou au mouillage.

Rencontres éphémères le temps d’un apéro pour certaines ou partage d’aventures pour quelques jours pour les autres. Ces rencontres, bien souvent provoquées par notre ‘ti mouss Nina qui, lasse de s’ennuyer avec les deux vieux Krougs que nous sommes, va de stratagèmes en matoiseries pour trouver d’autres « petits mousses » avec qui explorer ces nouveaux mondes à hauteur d’enfant… Mais aussi, malheureusement et un peu trop souvent à notre goût, partager des expériences numériques immersives… chacun derrière un écran, mais ensembles ! Il faudra bien accepter que c’est ça aussi le voyage à l’ère du numérique…

Bref, nous avons d’abord embarqué des « bateau-stoppeurs » jusqu’à Gran Canaria. Nomades depuis 7 ans maintenant et depuis peu accompagnés d’Edward, un vaillant (et qui se pose là dans la mignonnerie) petit mousse de 2 ans et demi.

C’était l’occasion de tester la viabilité de notre embarcation avec 6 personnes à bord (spoiler alert : c’est un peu trop ;-)), mais également de discuter et d’échanger sur ces modes de vie de nomades, de partager des expériences, mais aussi, et surtout, de naviguer sur le Rocinante avec des inconnus.

Nous avons donc expérimenté avec cette belle bordée la navigation depuis Lanzarote jusqu’à Las Palmas de Gran Canaria. En 2 étapes, d’abord, une première courte navigation de 4 heures, pour faire escale au mouillage situé devant l’île de Lobos, paradis des kite surfeurs et surfeurs, située au Nord de Fuerteventura, afin d’attendre, une fois de plus, que le vent prévu se lève, ce qui nous aura permis de profiter d’un bon moment de baignade (petite pensée aux métropolitains sous la neige).

Nous en sommes repartis en fin d’après-midi, pour une navigation de nuit jusqu’au mouillage de Las Palmas de Gran Canaria à une centaine de miles marins plus à l’ouest.

En effet, les prévisions météo des jours à venir nous ont décidé à « sauter » Fuerteventura, qu’on nous a décrite comme « non indispensable » et surtout peu pratique pour se mettre à l’abri en cas de coups de vent (Fuerte Ventura, nul besoin de faire une traduction, semblant bien porter son nom).

Et l’Escadrille, dans tout ça ? Et bien nous avons fait cette navigation accompagnés du bateau Caracole (un magnifique Ketch de la fin des années 70) et son très sympathique équipage : Tof, Céc et Ellana, leur fille de 13 ans.

Et c’est plutôt chouette de naviguer à 2 bateaux, de pouvoir discuter du routage, des stratégies de route, de pouvoir se donner des nouvelles par VHF pour savoir comment se portent les équipages et de garder un bateau copain en visuel.

Ayant des bateaux de la même époque, nous naviguons sensiblement à la même allure et sommes donc arrivés à destination, bien qu’ayant fait des choix de routes un peu différents, à une demi-heure d’intervalle au mouillage de Las Palmas.

Rien d’extraordinaire d’ailleurs à propos de ce mouillage, au pied de la ville très urbanisée, au milieu d’un port industriel dont l’activité ne s’arrête jamais, mais très bien abrité.

Après avoir débarqué nos trois invités au lendemain de notre arrivée, nous avons eu l’occasion d’éprouver la vie au mouillage que nous avions très peu vécue jusqu’à présent : test du moteur d’annexe (check), autonomie pour Nina, qui se déplace d’un bateau à l’autre et fait sa vie avec sa copine Ellana, baignade nocturne pour les filles (bien que la baie soit entre les ports…), test de la douche solaire (validée), les apéros sur les bateaux copains, validation de notre autonomie d’énergie sur plusieurs jours avec un ciel un peu couvert, …

Un autre bateau copain (Noétéa), également rencontré à Lanzarote, nous a également rejoint en fin de séjour, et la colo d’enfants s’est agrandie au nombre de 4 !

Face à notre échec pour louer une voiture dans l’espoir de visiter l’île (Nous avons découvert la veille au soir, que le 6 décembre, est férié en Espagne – jour de la constitution. Décidément, il se passe quelque chose avec les jours fériés dans ce voyage), nous nous sommes consolés en arpentant les rues de Las Palmas et de sa vieille ville. Nous avons fait un crochet culturel à la Casa de Colon, où les périples de Christophe Colon, qui a fait escale aux Canaries, sont détaillés, et où l’on peut découvrir les outils de navigation nautiques et de nombreuses cartes d’époque.

Bien que la ville de Las Palmas de Gran Canaria n’ait pas pléthores d’attractions touristiques à offrir, nous avons beaucoup apprécié l’ambiance très interlope, cosmopolite et globalement assez tranquille qui y règne. La quiétude et la douceur de la vie que les autochtones semblent mener là-bas nous ont fait penser que c’est une ville où nous pourrions vivre heureux (et c’est assez rare comme sentiment pour nous).

Une nouvelle fois, les conditions météo (notre religion cette année!) nous ont contraints à partir (jusqu’ici elles nous poussaient à attendre, mais cette fois ci, on a anticipé) en direction de Tenerife dès samedi matin. Nouvelle navigation (de jour cette fois!) et toujours en escadrille avec Caracole !

Après un départ assez désagréable, houleux avec le vent dans le nez, nous avons fait une chouette route avec des portions de plusieurs heures à 7 Noeuds de moyenne et ce malgré une houle un peu croisée. Évènement notoire de cette petite navigation de 60 milles nautiques : Nina n’a pas été malade – une première ! (Vive le Stugeron !!!).

Nous avons également croisé un couple de Globicéphales, qui est passé sans même faire attention à nous, suivi par un groupe de dauphins qui nous a fait l’honneur de nous accompagner une bonne dizaine de minutes à quelques encablures de Santa Cruz de Ténérife en jouant dans l’étrave et nous faisant de belles démonstrations de sauts périlleux devant la proue du bateau.

L’arrivée sur ce coté Nord est de l’île de Tenerife était également magnifique, nous avons pu observer la beauté de l’île (cette côte ci est particulièrement verte pour le référentiel canarien) se dévoiler à nos yeux progressivement, avec le Teide (le plus haut sommet d’Espagne culminant à 3715m) que l’on pouvait deviner en fond dans les nuages. Puis l’approche de Santa Cruz, où nous avons réservé quelques nuits au port en prévision de l’arrivée annoncée d’une grosse houle par le nord (4 à 6 mètres). Les couleurs sur la ville au couchant et la vision de son auditorium aux inspirations de l’Opéra de Sydney nous ont également enchantés.

Cette semaine, nous allons laisser passer la houle issue des dépressions en cours sur l’atlantique nord (celles là même, qui, pour la majorité d’entre vous, font que vous avez froid et qu’il neige sur les hauts cantons) et avons prévu de profiter d’être au port pour effectuer des réparations sur le bateau (on a quelques bricoles à réparer, d’autres à optimiser, ou à remplacer en vue des longues traversées à venir) et louer une voiture pour profiter de l’île, aller faire quelques belles randonnées, des visites culturelles, prendre quelques belles bouffées de nature et de terre, avant de reprendre la mer en fin de semaine pour descendre, en sauts de puces, le long de l’île vers le sud !!

A vite!

Les Romanibaz