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Cet adage nous a été appris par Dino, le lithuano-allemand rencontré à l’Escala ! Depuis, c’est un peu devenu notre dicton quotidien.

Départ Samedi 16 Novembre au matin de la Marina del Este, un petit port vraiment très mignon, avec un paysage et une ambiance andalouse. Pendant la navigation, la côte semble désertique,on devine des serres à perte de vue, et derrière majestueuses, les montagnes de la Sierra Nevada. On a même vu la neige au sommet!

Nous sommes arrivés dans la nuit en vue du rocher légendaire : Gibraltar!

Nous avons lu mille et une infos sur comment faire au mieux pour passer le fameux détroit : les marées, les courants, le chenal des ferrys et cargos (une autoroute!), le Nord, le Sud, les orques….. Bref!

Sur le moment, plutôt contents de notre navigation, on a même envisagé ne pas s’arrêter et le passer de nuit (thank’s god, une capitaine sensée à bord de ce bateau a mis son veto!). Nous avons opté pour la sagesse et sommes remontés jusqu’au port de la Linéa. Après un appel VHF à 3h du matin, l’accès au port nous est refusé, qu’à cela ne tienne, c’est l’occasion de faire notre premier mouillage dans la baie de l’entrée du port!

Quelques heures (4h) de sommeil plus tard, la question se pose : Passer Gibraltar ok, mais que faire de nos équipiers qui ne pourront pas rester avec nous jusqu’aux Canaries (et, oui, y’en a qui bossent!)

Une option, non envisagée jusqu’alors se dessine : une halte marocaine.

Mais attendez, on spoile, d’abord il faut passer ce fameux détroit.

Et on s’en souviendra !!!

Réveil sous la grisaille, le rocher semble menaçant. On se fait un petit déj anglais (oeufs et bacon) pour l’occasion puisque nous sommes (de manière très éphémère) en territoire britannique (on laisse chercher les férus d’histoire sur wikipédia…)

Avec un levante (vent d’Est, donc arrière pour nous) soutenu de 20-25 noeuds établis, avec des rafales à 35 noeuds, on slalome entre les pétroliers au mouillage de la Linéa pour s’échauffer, on sort les voiles, on est suivi par seulement 2 autres voiliers. A force d’avoir lu des théories, on ne sait plus très bien (fallait-il partir 2h après la pleine mer, ou 3h avant la basse mer …?), quoiqu’il en soit la bonne nouvelle c’est que le courant est avec nous (car si s’il est contre, il peut nous faire perdre jusqu’à 3 noeuds de vitesse). On continue tout droit jusqu’au niveau de Tarifa, et là, c’est le moment redouté : il faut traverser le chenal de ferrys (le DST), large de 5 Miles nautiques, dans lequel passent tous les ferrys entrants et sortants entre l’Atlantique et la Méditerrannée… Autant faire du vélo sur l’autoroute!

Organisation impérative de l’équipage : Baz à la table à carte à l’AIS (qui permet de visualiser en quasi temps réel sur une carte numérique, la position, la vitesse et le cap des Cargos, Ferrys et autres très gros bateaux…), pour donner à l’équipage les informations de traffic, Malina à la barre et Juju et Arno aux manoeuvres (enrouler le génois, dérouler le génois, réduire le génois, empaner, re-empanner)! A un moment donné, on s’est retrouvé (après quelques coups de corne de brume d’un cargo long de 200 mètres battant pavillon panaméen) avec 2 cargos, un à tribord à 300m, un à babord à 400m, et nous petit insecte au milieu, à prier pour que ça passe vite !

Ce passage entre mer et océan provoque aussi des effets étranges sur les eaux : parfois la mer se met à bouilloner soudainement très agitée, s’enchaînent de longues vagues océaniques tranquilles, puis de nouveaux bouillons dans lesquels les courants semblent s’inverser, nous projettant tantôt vers le large et les nombreux cargos et ferrys, tantôt vers les côtes marocaines et leurs rochers et autres filets de pêche non signalés…

Mais ce que l’on retiendra aussi c’est que ce fut une belle navigation, bien sportive avec de nombreux surfs à plus de 10 noeuds et un record (Arno est une star du surf) à 11.9 nds sur le fond (du jamais vu pour nous avec le Rocinante!).

Une fois passé le Cap Spartel (la porte de l’Afrique), Cap au Sud, jusqu’à Rabat! Pendant la nav, on réalise que nous n’avons pas de drapeau de courtoisie marocain, car cette escale n’était pas du tout prévue. On a donc fabriqué avec les moyens du bord un drapeau marocain, dont nous ne sommes pas peu fiers 😉

Concernant Rabat, nous avions lu (encore!) que l’entrée au port ne s’improvisait pas. Et oui, nous sommes en Atlantique, il va falloir s’habituer aux marées! Il faut impérativement appeler la Marina et s’annoncer pour avoir l’autorisation de rentrer dans le port. On a beau appeler sur tous les canaux VHF connus, trouver des numéros whatsapp des marineros du port, personne ne répond… Car oui : nous sommes le 18 Novembre, jour de l’indépendance du Maroc, on aurait voulu le faire exprès, on aurait pas mieux fait! Mais vu qu’on a la Baraka, on est arrivé devant le port à marée haute, après un grain impressionnant de quelques minutes et un immense arc-en-ciel, on tente donc l’entrée sans autorisation.

Nous avons été sidérés par l’arrivée à Rabat, la fatigue plein le corps, trempés par le grain, pour finalement s’engager dans le fleuve Bouregreg sous un soleil éclatant, avec vue sur la Kasbah et la médina à tribord, des barques traditionnelles traversant le fleuve, de la musique, des gamins qui plongent, un concours de natation entre deux hommes musclés devant une foule exaltée (il y avait tellement de monde sur les quais qu’on aurait pu se croire au départ du vendée globe à la Rochelle) et tout cela agrémenté d’un mélange d’odeurs et de senteurs innénarables dont seul le Maghreb semble détenir les secrets.

Ca va sembler un peu cliché pour qui connait déjà le Maroc, mais l’accueil a été incroyablement chaleureux, spéciale dédicace au chef de capitainerie qui a été aux petits soins durant tout notre séjour.

Une fois les formalités effectuées (douanes, polices, etc….) nous sommes partis découvrir la Médina de Rabat, et c’est sous un orage fracassant et une pluie battante sur la Médina (que l’on préfère volontiers subir plutôt en terrien qu’en marin) que nous avons dégusté pour les uns un couscous (bien qu’on nous ait expliqué force d’arguments que le jour du couscous c’est le vendredi et que là on est mardi, nos gueules fébriles de marins affamés nous permis d’obtenir une petite exception), pour les autres un tajine – somme toute : plutôt exceptionels !! Il faut dire que nous avons été bien adressés, les excellents conseils d’amis ayant vécu plusieurs années à Rabat nous ont évité les traditionnels pièges à touristes (big up à PL et Caro) dans lesquels nos corps meurtris et trempés se seraient certainement laissé entrainer.

Le lendemain, il est temps de rendre leur liberté à nos équipiers. Merci pour tout, c’était formidable de vous avoir à bord!

Quant à nous deux, on est allé visiter la Kasbah, magnifiquement restaurée avec ses mille et une portes et parcouru la Médina à la recherche du fameux Ras el-Hanout marocain (le meilleur évidemment) dont nos réserves initiales approvisionnées par Anna-Claire (encore merci !) étaient au plus bas. On en a profité pour se faire arnaquer par un guide qui s’est imposé à nous, pour ensuite nous réclamer un salaire, il faut dire que les agapes de la veille et une nuit complète de sommeil avaient restauré nos bonnes gueules de « babtous » 😉

On a troqué pour un temps les apéros/tapas pour des thés à la menthe, mais on repart à l’assaut des vagues dès demain, en duo, pour viser les Canaries!

Alors vite, au dodo 😉

Souvenir de nav;-)

A vite!

Les Romanibaz